Ruelisheim | 23-11-2021
Marie-Madeleine, 92 ans, se lassait de la maison de retraite. « Trop de monde, trop de bruit. » Alors, quand sa fille lui a parlé de l’ouverture d’un domicile partagé, au nord de Mulhouse, dans une maison de plain-pied, à la campagne, elle n’a pas tergiversé. En avril 2021, elle a emménagé avec
Yvette, Rodolphe, et les deux Marthe, tous âgés entre 82 et 96 ans. Chacun a sa chambre avec entrée indépendante depuis l’extérieur, sa salle de bains, et partage une grande pièce ouverte avec cuisine, salon et salle à manger. Marie Madeleine, qui a travaillé toute sa vie, se réjouit de pouvoir à nouveau contribuer aux tâches du quotidien au côté des assistantes de vie qui interviennent dans la maison: elle ne manque pas une occasion de saisir une balayette, de participer à la confection d’une tarte aux pommes ou de surveiller le mûrissement des tomates, dans la jardinière surélevée sur le pas de sa porte-fenêtre. Les autres résidents habitaient auparavant seuls chez eux, mais ont dû trouver une solution face à leur besoin accru d’aide au quotidien ou aux risques de chute. Cette alternative originale à taille humaine (huit occupants maximum), et avec présence permanente d’au moins une auxiliaire de vie, est gérée par Âges et vie, filiale du groupe Korian. Une solution qui ne coûte pas plus cher que nombre d’Ehpad (le reste à charge est en moyenne de 1600 euros par mois). Le concept se développe: de cent huit domiciles partagés aujourd’hui, la société envisage d’en ouvrir trois cents de plus d’ici à 2024. À Ruelisheim, deux maisons sont mitoyennes et le personnel est commun.
Décoration chaleureuse, menus décidés de concert, gym douce et travaux manuels, heures de lever et de coucher au choix, personnel disponible… les résidents se sentent soulagés. « Bien sûr, la cohabitation ne s’avère pas toujours simple, mais leur qualité de vie et notre confort de travail
sont incomparables », commente Doris Perez, responsable des deux maisons. Elle vit à l’année dans l’un des deux appartements situés à l’étage, l’autre étant occupé par l’une des six auxiliaires de vie, avec sa famille. Toutes deux peuvent être appelées la nuit grâce à la téléassistance. « Ça m’a tout
de suite plu », commente Rodolphe, qui ne supportait plus la solitude depuis le décès de son épouse, en janvier dernier. Sa petite-fille de37 ans, habitante du village ,y passe souvent,
contribuant à l’esprit de famille du lieu. Mais le soir, à 17 h20,que personne ne vienne les déranger: c’est l’heure de Slam.