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2021-10-01

AUTONOMIE : Emmanuelle Wargon et Brigitte Bourguignon étudient le futur du logement inclusif pour personnes âgées

Dans le cadre de la préparation de la loi Grand âge et autonomie, le 4 décembre, les ministres Emmanuelle Wargon et Brigitte Bourguignon sont venues étudier à Ouges, Quetigny et Dijon un florilège d’innovations préparant des alternatives à l’accueil des personnes âgées en EHPAD comme les colocations de seniors. Un pacte avec la Ville de Dijon et une convention avec les Villes amies des Aînés ont également été signés en présence de François Rebsamen.
Les deux ministres, respectivement au titre du grand âge et du logement, sont venus en Côte-d’Or observer «les solutions innovantes qui font le pont entre la prise en charge de la personne et la prise en charge de l’endroit où l’on habite» ainsi que l’a résumé Emmanuelle Wargon aux côtés de Brigitte Bourguignon ce vendredi 4 décembre 2020.

La première étape de la délégation conduite par la ministre du Logement et la ministre de l’Autonomie s’est faite à Ouges avec la visite d’une résidence Âge & Vie. Les deux ministres ont été accueillies par le préfet de la Côte-d’Or Fabien Sudry, le maire Jean-Claude Girard (sans étiquette), la députée Fadila Khattabi (LREM) et les fondateurs d’Âge & Vie.

Une colocation dédiée aux seniors avec des auxiliaires de vie

En 2018, le groupe Korian est entré au capital d’Âge & Vie à hauteur de 70%. L’entreprise franc-comtoise – fondée par Thierry Morel, Nicolas Perrette et Simon Vouillot – propose des domiciles partagés pour les personnes âgées dépendantes. La colocation du grand âge en quelque sorte !
Comme l’explique le groupe Korian, chaque résidence de 380 m², de plain-pied, est constituée d’un grand espace commun de 80 m² intégrant une cuisine ouverte sur un salon et une salle à manger, ainsi que d’un jardin. Les colocataires disposent de leur studio, avec une salle d’eau et une terrasse privative. L’architecture intérieure est pensée comme une maison, en privilégiant des volumes spacieux et lumineux pour faciliter la circulation des personnes. Les concepteurs ont cherché à conférer au logement une atmosphère confortable et sécurisante.

Les colocataires sont très généralement issus de la commune ou des alentours de la résidence. Ils partagent dans la maison des moments choisis de convivialité, notamment autour des repas et des animations. Les auxiliaires de vie habitent à l’étage avec leur famille. Polyvalentes, ces auxiliaires de vie assurent l’ensemble des actes de la vie quotidienne : animations, préparation des repas, aide au lever et au coucher, aide à la toilette, courses. Dans un climat qui se veut familial, elles proposent aux résidents de participer à la vie quotidienne. À Ouges, ce sont six temps plein qui sont mis à contribution pour accompagner quatorze résidents.

Une fois les aides déduites, le groupe Korian avance «un budget mensuel inférieur à 1.550 euros» incluant le loyer, les charges locatives, les frais d’achats alimentaires et les prestations d’aide à la personne (accompagnement personnalisé, repas, linge, ménage…).

Objectif 4.500 places en 2025

Après une vérification de la température frontale et un temps d’hygiène des mains avant de pénétrer dans les lieux, la ministre de l’Autonomie a pu échanger avec des résidentes et procéder à un point de situation sur le développement des résidences Âge & Vie en France.

À ce jour, 70 colocations accueillent 500 personnes âgées (dont la moyenne d’âge est de 88 ans) et emploient 200 équivalents temps-plein. Une foncière regroupant Âge & Vie, le groupe Korian et la Banque des Territoires ambitionne de créer 4.000 places et 2.000 emplois d’ici 2025. La demande étant très forte du côté des communes entre 1.000 et 5.000 habitants.

Action Logement subventionne l’adaptation de salle de bains

La deuxième étape à Quetigny fut plus brève. Accueillies par le maire Rémi Détang, les deux ministres ont rendu visite à une dame ayant bénéficier du dispositif Action logement pour rénover sa cabine de douche installée par la société certifiée Lergon’home. Contraintes sanitaires obligent, la majeure partie de la délégation est restée au pied de l’immeuble, y compris le préfet et le maire.

Action Logement peut contribuer jusqu’à 5.000 euros pour aménager une salle de bains ou des sanitaires. L’aide est attribuée aux retraités de plus de 70 ans et aux salariés en perte d’autonomie, sous conditions de ressources. Il est proposé la pose d’une douche avec un receveur extra-plat, la pose d’un lavabo pour personne à mobilité réduite ou encore la pose d’une cuvette de WC rehaussée. Action Logement rappelle ne jamais procéder à du démarchage par téléphone ou à domicile en vue de tels travaux et alerte sur les fraudes possibles en son nom.

Une place de village de 25 maisons pour les seniors autonomes

De retour à Dijon, les deux ministres ont été accueillies par le maire François Rebsamen (PS) accompagné des adjointes Lydie Pfander-Meny (PS) et Françoise Tenenbaum (PS). Les députés Yolaine de Courson (EDS), Rémi Delatte (LR) et Didier Martin (LREM) avaient également rejoint la délégation. À noter que, tout comme à Ouges et Quetigny, le conseil départemental de la Côte-d’Or n’était pas représenté alors que la dépendance fait partie de ses compétences.

Il s’agissait de visiter un Vill’âge bleu, propriété du bailleur social Habellis et géré par la Mutualité Française Bourguignonne – Services de Soins et d’Accompagnement Mutualistes (MFBSSAM). Là aussi, les deux ministres ont échangé avec des résidentes après avoir respecté les mesures sanitaires.

Le Vill’âge bleu de Dijon a été créé en 2013, il propose une alternative entre le domicile classique et un EHPAD en agissant sur le lien social entre les personnes, la sécurité et l’accessibilité avec un logement adapté et un accompagnement permettant d’éviter l’isolement.

Cet ensemble de logements alternatifs est composé de 25 maisons individuelles mitoyennes avec 14 T2 de 50 m² et 11 T3 de 66 m², avec terrasse de 4 à 5 m² et parking. L’espace commun comprend une salle de 80 m², une cuisine, une entrée, un bureau, des sanitaires et un espace de rangement. Chaque logement doit répondre à des exigences de confort : douche à l’italienne, sol plat, volets électriques, la cuisine est ouverte sur la pièce à vivre. La salle commune polyvalente est en accès libre pendant les temps de présence d’une accompagnatrice sociale et peut être utilisée le week-end pour des événements personnels.

Les locataires des logements sont des seniors autonomes ou semi-autonomes dont les revenus correspondent aux critères du logement social et souhaitant bénéficier de services. Ce sont des habitants de la commune, des environs, qui dans certains cas souhaitent un rapprochement familial. En 2015, un deuxième Vill’âge bleu a été ouvert à Bretenière.

«Le maintien à domicile le plus longtemps possible»

L’objectif des deux membres du gouvernement était d’observer ces «solutions innovantes» et d’échanger avec les promoteurs de chaque opération pour envisager la manière de les reproduire ou de lever les freins à leur déploiement.

«On partage un objectif : le maintien à domicile le plus longtemps possible» a expliqué Emmanuelle Wargon. Les exemples de Dijon et d’Ouges correspondent à «des formes innovante de domicile à mi-chemin entre être vraiment chez soi de façon très classique et être dans un établissement pour personnes âgées dépendantes». «Il y a plusieurs manières de rester chez soi, on déménage plusieurs fois au cours d’une vie» a constaté la ministre du Logement.

«L’idée est d’aborder le grand âge et l’autonomie, une fois pour toutes, d’une autre manière» a abondé Brigitte Bourguignon, ajoutant que «les gens souhaitent, en France, rester chez eux le plus longtemps possible voire même finir leur vie chez eux dans une dépendance retardée le plus possible». «On parle de prise en charge, on parle de dépendance, on parle de coût, on ne parle pas souvent du choix de la personne» a regretté Brigitte Bourguignon.

Durant ce déplacement, la ministre de l’Autonomie a pu effectuer un focus particulier sur les métiers mis en œuvre pour accompagner les résidents de ces logements. «Des métiers qui ont besoin d’être revalorisés, confortés et même multipliés» a-t-elle souligné, évoquant la filière de l’animation.

Les choix d’emplacement des résidences se révèlent cruciaux pour la vie sociale des résidents. Brigitte Bourguignon a souligné l’intérêt des localisations en centre-bourg ou en ville. «On a vu des résidentes qui nous ont parlé de cinéma, des illuminations de Noël, d’aller faire des courses, elles veulent sortir comme tout le monde» a insisté la ministre de l’Autonomie.

«Adapter nos villes à ce défi démographique»

Un des enjeux est de répondre au vieillissement de la population. La prolongation du système actuel entraînerait la réalisation de 106.000 places supplémentaires en EHPAD d’ici 2030. «On n’est pas capable évidemment de faire ce nombre en places. Par contre, on est tout à fait capable d’adapter nos villes, nos bourgs-centres à ce défi démographique que l’on doit partagé et qui est, en plus, la volonté de chacun» a expliqué Brigitte Bourguignon.

«C’est pour cela qu’il faut continuer à construire» a renchéri Emmanuelle Bourguignon. «On a parfois des maires qui sont frileux sur la construction – ce qui n’est pas le cas ni du maire de Dijon, ni du maire de Ouges, ni du maire de Quetigny – il faut que l’on continue à construire parce que le logement doit s’adapter, on a besoin de logements pour les personnes âgées, on a besoin de plusieurs types de logements. Donc on a besoin de continuer à construire en France, pas seulement pour soutenir l’activité du bâtiment mais pour répondre aux besoins» a-t-elle analysé. «Le logement peut contribuer a l’innovation sociale» selon la ministre.

Des propos qui ont suscité l’enthousiasme de François Rebsamen qui n’a pas manqué de tourner alors en dérision les critiques que les oppositions municipales peuvent lui adresser. «À Dijon, nous sommes des bâtisseurs, nous voulons valoriser l’acte de construction» déclarera-t-il peu après.

Pourtant, mine de rien, Brigitte Bourguignon – membre du PS jusqu’en 2017, année où elle a rallié Emmanuel Macron – a taclé les gouvernements du quinquennat de François Hollande. En effet, Luc Broussy, présent parmi la délégation, avait produit un rapport sur l’adaptation de la société au vieillissement. Remis en 2013, le rapport n’avait pas eu de suite selon Brigitte Bourguignon qui, devenue ministre, a demandé un «état des lieux» à Luc Broussy.

Mission flash sur l’adaptation de l’habitat au vieillissement de la population

Ancien secrétaire national adjoint au personnes âgées au sein du Parti Socialiste, Luc Broussy a développé une vision de l’accompagnement du vieillissement qui implique une adaptation de la ville : «quand on sort de son logement, encore faut-il avoir un environnement urbain adapté, ça veut dire le mobilier urbain, ça veut dire la façon de se déplacer aussi, c’est la question des mobilités. Et, enfin, la question des territoires parce qu’on vieillira pas de la même façon en milieu rural, en milieu périurbain ou en centre-ville, ni suivant la région dans laquelle on vit. C’est ce continuum qui est essentiel et que l’on avait effectivement expertisé en 2013 mais qui n’avait pas toujours été traduit dans la loi».

Aujourd’hui président de la filière nationale de Silver Économie (ou l’économie des tempes argentées), Luc Broussy a reçu une «mission flash» qui doit le conduire à rendre des propositions opérationnelles. Selon le ministère des Solidarités et de la Santé, il s’agira de propositions concernant l’adaptation des logements, de l’urbanisme et des transports au vieillissement de la population, en particulier pour contribuer à la rédaction du projet de loi «Grand âge et Autonomie», et pour mieux appuyer les territoires engagés dans la société de la longévité.

Ces propositions viendront enrichir le travail engagé entre les trois ministères, autour d’une feuille de route sur «adaptation de l’habitat au vieillissement», et comprenant les axes suivants : faire du passage à la retraite un moment d’information ; accélérer l’adaptation du parc de logements privés ; développer les réponses apportées dans le parc locatif social ; engager les acteurs de l’aménagement et du logement dans une approche globale et collective.

«Construire durablement en trouvant le bon équilibre entre densité et préservation des espaces naturels»

La dernière séquence de ce vendredi 4 décembre fut plus institutionnelle avec un rendez-vous dans le petit salon bleu de l’Hôtel de Ville de Dijon pour signer un Pacte pour la relance de la construction durable entre le ministère du Logement et la commune ainsi qu’une convention entre le ministère des Solidarités et de la Santé et le réseau francophone des Villes amies des Aînés dont François Rebsamen est le président.

«C’est un sujet majeur de société, (…) à Dijon, comme ailleurs, la population vieillit et le besoin de maintenir le plus longtemps l’autonomie, c’est ce à quoi nous veillons» a déclaré le maire en préambule avant de se dire «heureux, dans ces deux domaines, de l’action du gouvernement» en référence au logement et à l’autonomie.

Déléguée générale à la Formation professionnelle et à l’Emploi au sein du ministère du Travail de 2012 à 2015, Emmanuelle Wargon a donc eu François Rebsamen pour ministre de tutelle en 2014 et 2015. Ce vendredi, c’est en tant que ministre – s’étant vue attribuer le portefeuille du Logement en juillet dernier – qu’Emmanuelle Wargon a pris la parole.

La ministre a défendu le fait que le Logement soit rattaché à l’Écologie, c’est à dire à la Transition écologique et solidaire dans la formulation officielle. Une façon pour le gouvernement de Jean Castex de signaler que «l’on sait construire durablement en trouvant le bon équilibre entre densité d’un côté et préservation des espaces naturels de l’autre, exactement comme vous le faites à Dijon, Monsieur le maire, inlassablement, depuis plusieurs années».

Après les retards liés à la crise sanitaires, «nous avons absolument besoin de retrouver une dynamique de construction» a insisté Emmanuelle Wargon. Le Pacte pour la relance de la construction durable a donc vocation à impliquer les collectivités mais aussi les associations d’élus et les représentants de la filière du BTP. «La question n’est pas de construire pour construire mais de construire pour répondre aux besoins des Français» a rappelé la ministre.

À son tour la ministre de l’Autonomie a souligné les effets du vieillissement de la population tout en mettant en avant «l’apport des personnes âgées dans la vie sociale, dans la vie économique d’une collectivité». Avant de signer la convention pluriannuelle soutenant les Villes amies des Aînés, Brigitte Bourguignon a revendiqué avoir, avec sa collègue, une vision «transversale» des questions de logement des personnes âgées.

www.infos-dijon.com – 8 décembre 2020

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